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Les 8 membres du Yoga, astānga, au coeur de la sādhana / 28 mars 2020

Les 8 membres du Yoga

Lorsqu’il s’engage dans sa sādhana, le sādhaka doit immédiatement se mettre en action.  C’est le Kriya Yoga caractérisé par les efforts dynamiques déployés dans ses pratiques. 

Le Hatha Yoga définit les 8 membres (astānga) comme l’ensemble des pratiques de transformation que le sādhaka doit suivre. 

Yama, niyama, āsana, prānāyāma, pratyāhāra, dhāranā, dhyāna, samādhi.

Culturellement le Yoga est fortement empreint des traditions, philosophies et modes de vie de l’Inde. Pour autant, les différents clichés qui y sont associés dépeignent parfois une image caricaturale du Yoga. 

Il faut bien comprendre le caractère universelle du Yoga comme un écho à l’universalité de notre propre nature. Il fait tomber les barrières de nos différences pour mettre en lumière ce qui nous unit. 

Il est pratiqué de par le monde par des adeptes et maîtres de toutes les religions, il fait partie de la vie de millions d’athées et d’agnostiques sur tous les continents, il est enseigné en prison là où l’opportunité de devenir une personne meilleure semblait perdue, dans des centres de soin où sa pratique aide les patients à transcender leur condition …

Selon la culture du Sādhaka débutant, il pourra se sentir en décalage avec certains aspects du Yoga. Il faut toujours commencer par ce qui nous parle, ce qui fait sens pour nous et observer les effets de la pratique. 

L’observation de soi

L’observation de soi est un aspect capital du Yoga par lequel l’on se connecte avec son ressenti. 

Observer les variations de son état intérieur en fonction des situations, observer ses limitations, ses zones de confort, ses émotions, les fluctuations du mental etc … Cela dépasse largement le cadre du tapis de Yoga, la Sādhana s’étend à tous les domaines de l’existence. 

Le tapis de yoga, un jardin expérimental

Le tapis de Yoga c’est le jardin d’expérimentation de notre être où l’on se consacre pleinement à cultiver une perception fine de notre condition actuelle, pour progressivement transcender nos limitations et ouvrir de nouveaux horizons. 

Peu à peu la pratique « sur le tapis » fait écho à nos difficultés dans la vie. Lorsque le Sādhaka commence à s’ajuster dans les situations compliquées de la vie quotidienne comme dans une posture de Yoga c’est le signe qu’il est bien ancré dans sa Sādhana.  

Pour le débutant il est bon de lire et de connaître les 8 membres du Yoga sans pour autant en faire un dogme rigide au départ, de pratiquer ce qui l’inspire et de se laisser imprégner par les effets sans s’y attacher. C’est une bonne idée de les relire de temps en temps car bien souvent, les aspects du Yoga qui nous sont hermétiques au départ finissent par faire sens au fur et à mesure que l’on s’affine dans la pratique. 

Les 8 membres du Yoga

Yama

Ce sont des principes universels de vie en société visant à cultiver un comportement envers son environnement, envers les autres et envers soi-même aussi juste et respectueux que possible. 

Il s’agit de s’autodiscipliner par rapport à nos impulsions naturelles.  

La non-violence (ahimsā), la vérité (satya), le non-vol (asteya), la continence (brahmacarya), la non-possessivité (aparigraha), constituent les réfrènements du pratiquant authentique, celui qui est profondément sincère dans la démarche yogique. 

Le Sādhaka doit non seulement les pratiquer mais les porter à leur paroxysme. 

Ahimsā

La non-violence, ahimsā, ne se limite pas à ses aspects les plus manifestes comme ne pas tuer ou ne pas porter de coup ou encore, ne pas insulter. Le Sādhaka portant très haut cette valeur, cultivera des pensées, des paroles, une attitude et des actions dépourvues de toute forme d’agressivité. 

La bienveillance envers tous les êtres vivants découle de l’intégration concrète de Ahimsa dans tous les domaines de la vie. 

Lorsque que l’on a tendance à adopter un mode de pensée, de communication ou encore une attitude agressive et hostile il est nécessaire de pratiquer ahimsā le plus tôt possible car ce type de comportement est extrêmement toxique. 

Quand une pulsion agressive se manifeste, il est bon de s’en apercevoir avant qu’elle ne s’exprime, l’état intérieur préalable doit nous alerter. 

Cela demande de l’entraînement, beaucoup d’observation et la pratique assidue des autres membres du Yoga. 

L’une des clefs pour transformer une personnalité violente, c’est l’anticipation des situations qui créent cette état intérieur hostile afin de s’y préparer mentalement. 

Au début c’est très difficile et l’on se retrouve souvent à réaliser son état une fois qu’il s’est exprimé. Il faut persévérer, se montrer patient et bienveillant envers soi-même malgré les rechutes. 

Éradiquer toute forme d’hostilité envers soi-même lors d’un sentiment d’échec fait partie intégrante de la pratique d’Ahimsa.  

Avec le temps et la persévérance, toute forme d’hostilité disparaît et toute l’énergie qui y était dédiée peut désormais servir les aspirations du Sādhaka. 

Satya

La vérité, Satya, non affectée par les troubles de l’esprit, demeure. Éternelle. 

Au-delà de renoncer à une parole fausse, le Sādhaka, déconstruit les distorsions de son esprit afin de le rendre de plus en plus clair et capable de discerner entre vérité et mensonge, vérité et illusion. 

Depuis cet esprit clair il devra accorder ses pensées avec ses paroles et ses actes ainsi la vérité émanera de toute sa personne.

Il faut cependant être infiniment prudent avec cet idéal. 

Si l’énoncé de la vérité peut nuire à autrui il sera de bon ton de se taire voire de la dissimuler si c’est nécessaire. 

Asteya

Le non-vol, asteya, est avant tout pour le Sādhaka l’idée de ne pas convoiter, de ne pas envier même, ce qui appartient aux autres. 

Cela concerne bien sûr les biens matériels mais bien au-delà, il s’agit aussi de ne pas jalouser une qualité physique, intellectuelle ou une capacité particulière. 

Personne n’est par nature mauvais, tout ce qui se manifeste dans l’instant présent est le résultat d’une histoire, la conséquence d’un ensemble de causes passées. 

Celui qui se perd dans la jalousie, la convoitise, le vol doit tout simplement trouver la paix avec lui-même. 

Cultiver la gratitude, faire la liste de toutes les choses que nous avons la chance d’expérimenter ici et maintenant, nos qualités, nos biens matériels, nos relations épanouissantes (familles, amis, relations de travail etc …), nos expériences diverses, constitue une pratique intéressante pour le respect d’asteya. 

Plus encore le Sādhaka devra pratiquer la gratitude pour tout ce qu’il a reçu de « positif » mais aussi de « négatif ». 

Au fil de sa pratique il réalisera que c’est par la transcendance de ses difficultés, de ses peines, de ses blessures qu’il a la plus évolué. 

Par ailleurs pour le Sādhaka il est nécessaire de s’installer progressivement dans une attitude de non dualité, d’équanimité par rapport à ce qu’il expérimente. 

Il ne s’agit certainement pas de traverser les expériences quelles qu’elles soient avec indifférence, cela serait une attitude moribonde et stérile. La dualité attraction / répulsion doit faire place au contentement en toute situation agréable ou pas.

Le Sādhaka devra cultiver la paix intérieure de façon à pouvoir traverser les joies comme les peines avec la force et le rayonnement de cette apaisement.

C’est le travail de toute une vie, l’un des aspects les plus difficiles de la Sādhana, c’est aussi l’une des pratiques les plus transformatrices.  

Brahmacarya 

La continence est une pratique qui vise à s’abstenir de relations sexuelles afin que cette énergie soit mise au profit de la quête spirituelle. 

Elle peut être pratiquée pendant un temps défini consacrée à une activité incompatible avec des relations sexuelles, une retraite de méditation par exemple. Elle peut être étendue sur toute une vie pour ceux qui choisissent la chasteté. 

L’union sexuelle n’est pas un péché, elle est au contraire portée à la hauteur d’un rituel. 

Le Sādhaka doit être capable de réguler ses impulsions. Sa sexualité doit être respectueuse et s’effectuer dans le cadre d’un consentement mutuel avec son ou sa partenaire.

Celui qui s’adonne à des pensées, paroles, pratiques malsaines et violentes devra détourner l’énergie qu’il y consacre vers la pratique des 8 membres du Yoga. 

Tous les processus de nettoyage lié à tapas, le feu dans la pratique, le conduiront vers une sexualité saine et épanouissante. 

Des crimes telles que la pédophilie et le viol constituent des fléaux qui existent tous les jours dans le monde. 

Le respect de brahmacarya ne permet pas à ces crimes d’exister.

Aparigraha 

Dans la philosophie du Yoga, l’argent, c’est de l’énergie.

Pour le Sādhaka il n’est pas envisageable de consacrer une énergie excessive dans la poursuite et l’accumulation de richesses. 

Aparigraha, la sobriété matérielle ne consiste pas non plus à se dépouiller de tous ses biens du jour au lendemain. Être « renonçant » demande d’avoir atteint un certain niveau d’élévation spirituelle, il faut être prêt pour cela. 

Pour autant nous pouvons nous interroger avec bienveillance, sans se juger, sur la quantité et la qualité des biens que nous accumulons. 

Quel est l’impact sur l’environnement de tout ce que j’accumule ? Quelle est mon empreinte en terme de déchets ? Est-ce que les entreprises qui produisent les biens vers lesquels je dirige mon argent (énergie) ne sont pas nuisibles à l’environnement (animaux, biodiversité) ou encore ne commettent pas des crimes contre les populations impliquées dans la production de ces biens (respect du principe de non-violence, ahimsa). 

Vérifier aussi que vos biens matériels ne sont pas devenus pour vous une source d’ennuis et de stress. Quelle est la quantité d’énergie consacrée à la conservation des biens accumulés ?  

Certains ne trouvent plus le sommeil tant la peur de perdre ce qu’ils ont accumulé les tourmente.

Aparigraha est une façon de s’alléger et de libérer de l’énergie à des pratiques bénéfiques, le contact avec la nature, pratiquer le Yoga, l’automassage, la lecture, passer du temps de qualité avec les personnes qui nous sont chères … 

Niyama

Les Niyama, portent sur la vie spirituelle du Sādhaka. 

La Purification (çauca), le contentement (santosa), la ferveur dans la pratique (tapas), l’étude de soi et des textes (svādhyāya), l’abandon au divin (Içvara pranidhāna).

Çauca  

La purification, çauca, concerne la propreté externe mais aussi interne. 

Pour le Sādhaka, il n’est pas envisageable de se limiter à la propreté externe, le Yoga propose des processus de nettoyage profonds notamment des fosses nasales, du tube digestif, des organes internes, des canaux énergétiques et du mental. 

Grâce au respect de çauca, le Sādhaka s’assurera peu à peu la propreté de chacune de ses cellules.  

Le corps et l’esprit étant étroitement liés un mental calme, clair et subtil dépendra d’un corps pur, stable, harmonieux et souple.

Le Sādhaka habite son corps tel un temple sacré, le soin qu’il y accorde côtoie les hauteurs de cette sacralité.

L’alimentation fera l’objet d’une très grande attention, la première des règles étant de ne pas nuire au milieu intérieur. 

L’alcool, les drogues, les aliments dits tamasiques, qui ont perdu leur valeur (cuits depuis plus de trois heures), insipides, fétides, réchauffés de la veille, la nourriture polluée ou morte en général participent à la grossièreté du corps.

La viande et le poisson font partie des aliments tamasiques et sont à éviter. Leur consommation est aussi en désaccord avec ahimsa, le principe de non-violence. 

Toutefois, en cas de nécessité de santé, il arrive que la consommation de chair animale soit prescrite lorsqu’une personne est très affaiblie, ou de constitution fragile. Elle est alors prise en très petite quantité. Consommée en grande quantité, elle sera nuisible. 

Le lien entre une consommation importante de viande et le développement de certains cancers et maladies cardio-vasculaires a été démontré par de nombreuses études. 

En revanche, il est capital de comprendre que changer son régime alimentaire doit toujours se faire progressivement afin de laisser au corps le temps de s’adapter à ces modifications. 

Une alimentation dite sattvique à savoir végétale, savoureuse, onctueuse, substantielle et réjouissante est idéale pour le Yogi, elle est en adéquation avec le principe de non-violence, ahimsā, et elle est propice à un corps et un esprit pur, stable, vif et sensible.

Cependant, elle s’installera progressivement et ira de pair avec le niveau d’évolution dans la Sādhana. De cette façon le Sādhaka pourra pérenniser ce régime idéal. 

La nourriture amère, acide, trop salée, brûlante, épicée, desséchée qualifiée de rajasique sera évitée. Elle est excitante, irritante impropre au calme et crée des dysharmonies à tous les niveaux. 

Néanmoins, dans la médecine ayurvédique (médecine traditionnelle indienne) qui possède un lien ténu avec le Yoga, la cuisine recherche une harmonie subtile, entre les 6 saveurs, douce, salée, amer, acide et astringente. Un repas idéal les possède toutes dans des proportions particulières. Ces proportions peuvent différer en fonction du profil de la personne concernée. Le Sādhaka devra s’observer attentivement et étudier les principes de l’Ayurvéda afin de définir l’alimentation qui lui convient. Il pourra en fonction de ses affinités culturelles se tourner vers d’autres systèmes de santé holistique comme la médecine traditionnelle chinoise ou encore la naturopathie qui accordent une importance particulière à l’alimentation. 

En respectant çauca, le Sādhaka accordera la plus grande attention à son impact sur l’environnement. Il veillera à la préservation de la propreté de l’air, de l’eau, de la terre. Si son environnement se trouve vicié, sa propreté interne s’en verra corrompue. 

Une conscience écologique incorruptible est indissociable de la pratique yogique.

Gokarna, Karnataka, Inde

Santosa

Le contentement, santosa consiste à cultiver un état intérieur paisible et souriant. Cette paix intérieure doit être suffisamment stable pour nous permettre de traverser les joies comme les peines avec présence, stabilité et sérénité. 

Le contentement est la clé du bonheur véritable. 

Celui qui peut être pleinement satisfait en lui-même ici et maintenant sans que cela ne dépende de paramètres extérieurs, vit dans la pure joie d’être.

Tapas

La ferveur dans la pratique, tapas ou le feu de la transformation. 

Face à l’effort sur Soi que demande la Sādhana dans tous ces aspects, le Sādhaka  devra faire preuve d’intensité, d’endurance, de détermination. 

On parle du « feu » de la pratique.

Pour le débutant, le manque de capacité à l’effort représente souvent un obstacle à sa progression. Le manque d’assiduité et d’intensité conduisent à une pratique molle et stagnante. 

Lorsque le Sādhaka est vraiment déterminé à évoluer, il doit se faire violence et développer tapas, condition nécessaire à l’accomplissement de la Sādhana. 

Ces qualités peuvent être acquises si elles ne font pas partie des attributs naturelles du Sādhaka … La Sādhana Yogique est possible pour tous, quelle que soit la condition physique, émotionnelle, mentale au départ. 

En réalité, plus on est éloigné de la perfection Yogique (corps grossier ou malade, esprit embrumé, manque de vivacité, difficultés psychique, dépression …) plus l’engagement dans la Sādhana est nécessaire et sera bénéfique. 

Svādhyāya

Le Sādhaka se consacre à l’étude des textes sacrés concernant la Délivrance. Il devra s’imprégner de tous les traités enseignant les différents aspects du Yoga. 

Il devra en cultiver une compréhension intellectuelle et pratique afin d’en faire une connaissance fine, profonde et intérieure. 

On pourrait croire que l’étude des textes constitue une discipline théorique, pourtant, la simple lecture ou même un apprentissage minutieux n’a pas de valeur s’il n’est pas mis concrètement en pratique.

La mise en pratique, l’action, est un aspect de très grande importance de la Sādhana. 

Lorsque les textes auront été assimilés, intégrés, et seront pour le Sādhaka un savoir imprégnant tout son être, il pourra rejeter tous les livres et incarner la connaissance. 

Içvara pranidhāna

L’abandon au divin est, selon moi, la meilleure des pratiques pour tenir l’ego bien à sa place. Dans la pensée Yogique nous sommes des êtres spirituels incarnés dans la matière. Comme les vagues ne forment qu’un seul et même océan, nous sommes tous des manifestations d’un seul et même Être, omniprésent, omniscient, omnipotent. Il ne possède ni origine ni fin et constitue la source de toute existence. 

Içvara pranidhāna, c’est incarner le Divin de façon à ne plus se considérer comme l’auteur individuel de nos actions. Lorsque nous nous abandonnons à Lui, Il agit librement à travers nous, accomplissant les œuvres divines.

Nous cessons de nous attacher aux mérites de nos actions puisque nous les abandonnons au Sacré, les œuvres sont réalisées de façon désintéressée et sincère. 

Là s’installe en nous l’humilité la plus totale qui puisse exister. Notre ego perd son aspect tyrannique et devient l’instrument de l’action.  

Içvara pranidhāna, pratiquer sans orgueil, c’est l’abandon de tous nos efforts et des fruits de nos efforts à la sacralité de l’existence.

C’est un aspect du Yoga qui est très difficile à saisir par le monde occidental car très éloigné de notre culture dominée par l’athéisme. Pourtant la pratique de l’abandon, de l’humilité face à la grandeur de l’existence représente peut être la plus belle façon de réaliser ce que nous sommes de façon essentielle et de demeurer à notre juste place dans le monde dans la paix et la joie.

Paradoxalement nous nous percevons à la fois plus grand et plus petit que nous ne le sommes réellement. 

En temps qu’espèce nous nous comportons de façon agressive envers le vivant que nous devrions pourtant traiter avec amour et respect pour l’immensité de sa beauté et de son intelligence. Nous ne sommes pas à notre juste place dans cette attitude arrogante. 

Mais d’autre part nous ignorons notre véritable grandeur qui dépasse de loin celle dont nous avons la prétention en tant qu’être humain, c’est notre dimension sacrée. 

Malgré tout il est très important lorsque l’on débute sa Sādhana de s’engager d’abord dans les pratiques avec lesquelles nous nous sentons en accord. 

Si une gêne est présente quant à la dimension spirituelle du Yoga il vaut mieux ne pas y prêter attention tant qu’il n’y a pas d’ouverture et simplement se concentrer sur la notion d’humilité. 

Chacun possède un cheminement unique dans la Sādhana et il n’y a rien à juger.

Asana

Asana, la pratique des postures constitue le troisième des 8 membres du Yoga. 

Nous sommes des êtres incarnés, c’est donc depuis ce corps et par ce corps que nous allons nous engager dans notre Sādhana. 

Nous l’avons vu lorsque nous avons abordé la purification, çauca, le corps et l’esprit étant étroitement liés, un mental calme, clair et subtil dépendra d’un corps pur, stable, harmonieux et souple.

Le Sādhaka débutant devra impérativement pratiquer asana dès le début de son parcours yogique. 

Le Hatha Yoga distingue les postures dites « reconditionnantes » des postures « méditatives ».

Les postures méditatives sont des positions assises qui nécessitent un parfait équilibre entre ancrage et élévation, un bassin ouvert et mobile, un buste fort et souple, en particulier afin que la colonne vertébrale soit alignée et la cage thoracique parfaitement soutenue et ouverte le tout avec confort et aisance, sans crispation ni effort particulier. 

Pour arriver à cet idéal nécessaire aux pratiques méditatives, il est indispensable de pratiquer les postures reconditionnantes. Elles sont correctives et ont pour effet de rendre le corps intelligent et sensible. Elles développent la concentration, réalignent les distorsions, activent et renforcent tous les systèmes du corps apportant stabilité, souplesse et force. 

La pratique des asana doit être réalisée avec contentement (santosa), totalité (tapas) et abandon (Içvara pranidhāna).

Quel que soit le niveau de difficulté des épreuves que l’on traverse lorsque l’on travaille sur son corps il faut cultiver une attitude paisible et trouver la joie même dans la difficulté (santosa). 

Asana possède ce pouvoir extraordinaire de réfléchir comme un miroir qui nous sommes dans la vie et quelle est notre attitude face à elle.

Lorsque je me trouve en difficulté en raison d’une limitation de mon corps que se passe-t-il en moi ? Qu’est-ce que je ressens et quelles sont les pensées qui me traversent ?

Il faut observer de façon honnête, et s’ajuster autant de fois que nécessaire. 

Il faut s’ajuster dans la posture, il faut s’ajuster dans son attitude. C’est dans l’ajustement que réside la transformation. 

La pratique des asana peut être difficile surtout lorsque le corps montre de nombreuses résistances. Une volonté à toute épreuve sera nécessaire pour traverser les difficultés (tapas). 

A force de persévérance et d’ajustements de plus en plus fins, le Sādhaka pratique avec souplesse et stabilité, intelligence et sensibilité,  la joie, le contentement s’invitent. L’asana est alors … parfait. 

Pranayama

La discipline du souffle touche à notre corps énergétique et aux différents courants d’énergies qui circulent dans notre corps. 

Le pranayama touche à la subtilité de ce qui nous anime, pour cette raison il faut l’aborder de façon respectueuse. 

Pour le débutant il sera nécessaire de commencer par la simple observation du souffle à l’état non modifié dans une position confortable avec utilisation de supports adaptés aux difficultés que le Sādhaka rencontre sur le plan physique. 

Avec le pranayama nous nous dirigeons vers les pratiques méditatives. Elles se pratiquent en posture assise et nécessitent donc une parfaite maîtrise des asana « reconditionnants ». 

Il faut se représenter le corps comme un récipient qui accueille le souffle, l’énergie vitale. Nous devons d’abord travailler ce récipient (asana) afin qu’il soit stable et que sa capacité soit optimale. 

Il n’est pas envisageable de modifier le souffle dans une position approximative du buste, non alignée de la colonne vertébrale avec une cage thoracique mal soutenue essayant tant bien que mal de se tenir avec tension. 

Le pranayama se pratique dans un corps tranquille et stable.

C’est pranayama qui peu à peu se transforme en dhāranā, pratyāhāra, dhyâna et enfin en Samadhi au fur et à mesure que le Sādhaka s’absorbe et se stabilise dans la pratique.  

Pratyāhāra 

Dans la vie quotidienne, les esprits sont entraînés dans le tourbillon des sollicitations par les objets du monde. Le retrait des sens, pratyāhāra, nous donne la possibilité de nous en détourner par la régulation de nos facultés de perception, nos facultés d’action ainsi que du mentale. 

Le Sādhaka doit abstraire du monde extérieur ses 11 facultés afin de s’absorber en lui-même. 

Son, contact, forme, saveurs, odeur, parole, préhension, ambulation, excrétion, jouissance et pensées exercent une influence permanente, il faut être capable de se détourner de leurs objets d’activité. 

Lorsque le Sādhaka développe cette capacité, il peut « tourner son regard vers l’intérieur ». 

Les sens lorsqu’ils se projettent vers les objets extérieurs agitent automatiquement l’esprit. Avec la pratique de pratyāhāra il devient possible de le stabiliser et de le pacifier par la volonté.

Dhāranā 

Notre cerveau produit en permanence des pensées auxquelles notre attention s’attache. Une pensée en entraînant systématiquement une autre, notre esprit se trouve en permanence pris dans l’agitation d’un flot mouvant et incontrôlé. 

Lorsqu’il pratique la concentration, dhāranā, le Sādhaka rassemble toute son attention sur un seul point, un seul objet, judicieusement choisi. 

Cela peut être une zone du corps, un phénomène, un objet particulier et doit évoquer à celui qui pratique quelque chose d’inspirant. 

Toute l’attention doit être portée sur l’objet choisi. Lorsque le mental s’en éloigne il faut en prendre conscience et ramener systématiquement l’attention sur le point de concentration. 

L’esprit se trouve alors stabilisé sur un seul et même point et sort de l’agitation des pensées automatisées. 

Dhyāna 

Dhāranā se transforme en dhyāna lorsque le Sādhaka maintient son attention de façon continue sur l’objet de concentration.  

Ces pratiques sont très difficiles. Au début, la concentration est sans cesse interrompue par des flots de pensées qui émergent de façon automatique, elle ne se maintient que pour de brefs moments et doit inlassablement être ramener sur l’objet dédié. 

Par l’entraînement régulier les moments de concentration s’allongent de plus en plus. La stabilité, la continuité dans la concentration est dhyāna, la méditation. 

L’esprit dans cette stabilité nouvelle sort de la brume causée par le fonctionnement ordinaire du mentale. La clarté, la lucidité s’installe, c’est le chemin vers le samādhi. 

Samādhi

C’est une expérience en réalité indescriptible et inimaginable par celui qui ne l’a pas vécu, celui qui n’a jamais transcendé les limitations de l’existence ordinaire. 

C’est l’étape ultime de la Sādhana, l’union parfaite dans laquelle se fond toute forme de dualité.

C’est l’expérience de la conscience, illimitée dans laquelle le Yogi perd toute notion de différenciation entre, lui-même, l’objet médité et la pratique de la méditation elle-même.  Chaque élément qui semble distinct des autres constituent une seule et même Vérité. 

Les 8 membres du Yoga se fondent les uns dans les autres et ne constituent en réalité qu’une seule et même pratique en essence. 

Le Yoga c’est l’union, rassembler ce qui est séparé pour faire l’expérience de l’universalité de notre essence, voilée par les modalités de l’existence conditionnée. 

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